lundi 27 septembre 2010

J'ai été au #TEDxCarthage pour sa première édition

Jaw-Breaking tel est le qualificatif qui décrit certains talks de TED, des présentations qui m'ont, réellement, fait repenser à ma perception des choses de ce monde. TEDx a pour objectif de ramener ce moment partout dans le monde.

Une équipe de jeunes tunisiens s'est lancé dans l'aventure pour être les pionners nationaux dans ce domaine. C'est donc avec beaucoup d'espoir (et de réserve, paradoxalement) que je me suis inscrit pour assister au premier TEDxCarthage. La manifestation était placée sous le thème Success stories. Je suis donc parti pour entendre les récits du succès des 9 intervenants.



La journée a commencé par l'intervention de Zied M'hirsi. Ce médecin effectuait sa thèse de Global Health à Seattle quand Bill Gates a décidé de débloquer ses fonds caritatifs. Il a pu ainsi porter son expérience au sein de l'Association Tunisienne de lutte contre le sida à une échelle plus globale dans des missions à l'échelle mondiale dans des pays dévastés par ce mal : Côte d'Ivoire, Haïti,...

Trois idées ont retenu mon attention :

  • Quand l'adolescent prend sa première cigarette, il ne décide pas de le faire pour 40-50 ans. Moralité : les décisions qui changent notre quotidien se prennent par petits pas, il n'est nullement nécessaire de s'arrêter devant l'immensité de ce qu'on va entreprendre.

  • Lors d'un rapport non protégé entre deux personnes dont une seule est contaminée par le SIDA, les chances de transmissions sont de 0,0012/coït selon une étude qui date de 2004.

  • Joseph John a été sauvé par une tri-thérapie. Il continue sa vie moyennant un comprimé par jour (comme les diabétiques, les hypertendus et autres malades chroniques). Moralité : Il faut garder espoir et ne pas se laisser abattre.


Cependant, je lui reprocherais que l'optimisme de son message ne soit pas teinté par une once de responsabilisation.



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La deuxième intervention a été assurée par un professionnel de la communication : Nabil Karoui (M. Nessma). Au niveau de la forme, il n'y a rien à dire : il a réussi à captiver l'attention de son auditoire (je conseille tout le monde à voir sa présentation à cet effet.). Au niveau du fond, par contre, je n'ai pas aimé son message promotionnel. Pour lui, Nessma est le sauveur de notre culture et identité maghrébines des menaces orientales (Rotana, LBC,... ) et occidentales. Il va même jusqu'à comparer Nessma à la ligne à suivre entre les deux bancs de crocodiles qu'incarnent les conservateurs d'un côté et les modernistes de l'autre.

Il a cependant terminé son talk par une belle fable pour nous dire que quand l'amour entre dans un foyer, l'argent et le succès ne peuvent suivre... à bon entendeur. Que ceux qui ne trouvent pas celà pathétique nous le fassent savoir.



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La troisième intervention a été assurée par Badreddine Oueli, le PDG du groupe Vermeg Services. Dans son talk, il a commencé par retracer l'histoire économique de la Tunisie. Il souligne que la Tunisie, dans les années soixante, avait réussi à créer de l'emploi pour des gens non-qualifiés. Aujourd'hui, la Tunisie compte près de 4% d'étudiants, un chiffre proche de celui des pays de l'OCDE. Le défi est donc de créer de l'emploi pour des gens très qualifiés : des ingénieurs, des thésards,... Face à ce besoin, il conseille de nous focaliser sur nos points forts, à savoir la santé et la veille technologique. Il attire notre attention au fait que les métiers de la santé sont exercés avec, pratiquement, les mêmes paradigmes depuis 40 ans.



Dans une journée consacrée au succes stories, nous nous attendions à ce que cette introduction nous mène vers l'idée, l'intuition, l'impulsion derrière la création de Vermeg. Mais... on reste notre faim car cette introduction s'avère être le talk.



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Essma Ben Hmida est la quatrième intervenante. On pouvait lire comme titre sur ses diapos : "Think global, act local : from New York to Hay Ettadhamen" Dans son speech, elle a commencé par parler de son expérience de vie. Sa frustration au sein des couloirs des Nations Unies suite à l'inactivité l'a faite agir. Elle a réalisé que ce n'est pas en parlant dans des réunions qui coutent des millions de dollars que l'humanité ira mieux. Elle a fondé ENDA, une association qui octroie des micro-crédit de développement. Aujourd'hui oeuvrant sur le monde arabe, ENDA s'est fait les dents en Tunisie, plus précisemment à Hay Ettadhamen. Défiant Marx qui dit que l'infrastructure socio-économique conditionne la 'superstructure' idéologique, ils ont investis dans ceux qu'on prenait pour des "pré-délinquants" : centre de formation professionnelles, structures d'assistance aux élèves en difficultés... et surtout l'octroi de micro-crédits pour des projets de développement. Aujourd'hui ENDA c'est plus de 600.000 crédits pour plus de 200.000 clients.



Le petit moins va à sa présence. Dommage que son regard qui préfère le sol baisse le niveau de ce qui aurait pu être la plus TED des vidéos.



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C'est Slim Amamou qui nous accueille post-déjeuner après le fiasco de Karkadan. Son intervention traite de la neutralité du web, sujet controversé qui fait long débat sur le net depuis quelques semaines. Il commence par nous présenter les plus belles oeuvres de Anonymous : rythmes musicaux, peintures dans la grotte de Lascaux, des inventions (chaise, marteau, roue...). Anonymous est le plus grand architecte de notre vie quotidienne. Il insiste sur son ubiquité qui lui confère un pouvoir de dédoublement. N'étant personne en particulier, anonymous est l'entité que peut incarner tout le monde à la fois. Un exemple : 4chan.org le forum où naissent memes et autres cultures du web. Dans ce forum, personne n'a de nom d'utilisateur tout le monde répond au pseudo Anonymous. Slim souligne qu'être "LE" anonyme est différent d'être anonyme en se cachant derrière un pseudo. Le pseudo est quelqu'un de particulier.



J'ai bien aimé la présentation. Elle a soulevé des questions intéressantes. Mais ma question est : quel est le rapport avec le thème de la journée ?



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La 6ème intervention visait à nous immerger dans les abysses de la Méditerranée avec Mohamed Ali Ben Temessek, océanologue. Dans son intervention, il nous a parlé de :

  • sa préoccupation de la détérioration de la méditerranée ;

  • les côtes qui reculent et avancent ;

  • la pénurie d'eau qui nous menace et les processus de dessalement ;

  • ....


Pourquoi? Je ne suis pas parvenu à le comprendre. Personne dans la salle non plus visiblement...



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La 7ème intervenant est Tarek Cheniti. Figure bien connue de la blogosphère tunisienne, il est là comme thésard de Oxford traitant de la gouvernance sur Internet. Il nous a rapporté son parcours en expliquant ses choix de chemins à chaque bifurcation. Il a parlé longuement de la dualité dans laquelle on tombe souvent dans les débat. Une dualité proche de la polarisation où on se trouve face à un choix entre deux extrêmes idéologiques qui conduisent à un débat stérile. Or, le but même d'une discussion est d'aller au delà de cette opposition pour construire une meilleure idée.



Une remarque en particulier ? non, non... ni en bien ni en mal.



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L'avant dernière intervention a été assurée par Olfa Youssef, directrice de la Bibliothèque Nationale de Tunisie. Elle a commencé son talk par poser une question : qu'est-ce que le succés? Est-ce une accumulation? Une accumulation de reconnaissance ? de savoir ? d'argent ? d'accomplissements ?

Pour elle le succès est plus personnel que celà. Le vrai succès est d'atteindre la paix intérieur. A fortes doses de spiritualité, elle a vendu à son public son image de succès basée sur l'altruisme dans les actes et l'égoisme dans l'évaluation. Le vrai succès, pour elle, est quand satisfaire sa conscience est le but ultime de nos actions.



J'ai personnellement bien aimé le déplacement de la problématique de "comment avoir du succès" à "qu'est-ce que le succès". Un regard différent qui nous pousse à réfléchir.



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La cloture a été assurée par la guest star Cyril Rimbaud. Il nous a parlé des territoires digitaux. Le web est une nouvelle culture ; ou plutot DE nouvelleS cultureS. Plusieus micro-sociétés y sont créés. Chacune de ces micro-sociétés a son propre language, ses propres codes, ses propres règles. Derrière chacune de ces micro-sociétés il y a eu un initiateur, une idée, une vision. Depuis, d'autres personnes, des architectes, ont pris le relais pour continuer dans la même voie ou dans une autre. Citons les exemples de wikipedia, les MMORPG, les forums...

Ces territoires digitaux, malgré leur côté virtuel, ont un impact sur notre quotiden qui est bien réel. Les millions de dollars que dégage Google annuellement sont bien palpables. On a donc, visiblement, un monde nouveau à explorer. Pour Cyril, la découverte de ce nouveau monde créera de nouveaux métiers : cartographes, sociologues... ça sera la renaissance des sciences humaines.



Comme Slim, son talk va ailleurs que le thème des Succes stories. Mais pour le 9ème talk de la journée, un sujet frais s'impose.



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En conclusion, je dois avouer que mes attentes, en matière d'interventions, était ailleurs. Ceci n'enlève rien à la qualité de ces speeches dans l'absolu.



Mais, ma plus grosse satisfaction va à l'équipe d'organisation. Ils ont réussi à importer un concept nouveau. Ils ont le mérite des pionniers, ceux qui croient en une idée et vont jusqu'au bout tandis que d'autres abandonnent en moitié de chemin. L'évènement était très bien organisé. Je n'ai jamais assisté à des talks aussi calmes, avec aussi peu de chuchotements. Les débats commencaient à l'heure.

Je voudrais aussi saluer Nizar Chaari qui a montré son grand de talent d'animateur. Ce n'est pas évident d'improviser pour meubler 30 minutes de pannes techniques.



Je me permets cependant d'émettre quelques critiques, histoire de faire de la prochaine édition un plus grand succès. La procédure d'inscription/confirmation était longue et sombre. On devait s'incscrire deux fois, pour recevoir des mails je ne sais quand. C'est le plus gros point noir de l'évènement. D'autres petites imperfections suivent. La sonorisation était légèrement mal géré : parfois trop fort, parfois pas assez. Il fallait aussi prévoir une double sortie avec écran étendu pour que l'auditoire n'ait pas à voir les petites icones et les trucs de contrôle.



En conclusion : bien joué les gars et à la prochaine. Qui sait qui l'organisera...





PS: Mes remerciements vont à @chaouka, @AhmedZairi et @souihli pour nos échanges lors du TEDxCarthage qui ont inspiré certaines de ces idées.

jeudi 2 septembre 2010

Le jour où j’ai voulu faire un cours de japonais

Depuis quelque temps, l’idée d’apprendre une nouvelle langue me titille l’esprit. Mon immersion récente dans les mangas et autres animes a tranché : ça sera le Japonais. Après de vaines tentatives sur le net, je me décide de faire une inscription à un vrai cours avec un prof, des horaires et des camarades. Je me suis dit que ça me motiverais… Car le maître-mot de mon histoire est la motivation.


Squattant ma timeline twitter comme d’habitude, j’intercepte une discussion dont le sujet est : les cours de japonais à l'Institut Bourguiba des Langues Vivantes… Il n’en fallait pas plus pour me décider. La procédure parait simple :

- faire une pré-inscription en ligne sur le site de l’IBLV ;

- compléter l’inscription dans les locaux de l’IBLV en amenant les documents nécessaires.

Un petit tour de table (ou plutôt un petit tour de ma liste de contacts) me permet de trouver des amis qui voudraient bien partager cette activité avec moi.


L’inscription en ligne effectuée, on me donne un rendez-vous ferme : un mercredi à 12h. Je dois avouer que sur le moment l’heure du rendez-vous m’a interloqué : un horaire aussi précis (ce n’est pas 8h ou 14h) laisse présager que tout est bien organisé et chacun a son propre rendez-vous. Un petit check avec mes amis ennuage légèrement mes espérances car c’est le même rendez-vous. Je me console en me disant que l’horaire est réservé à ceux qui font japonais.


Mes espérances se fracassent contre la réalité à l’heure du dit-rendez-vous. Face à moi se trouve une horde de gens armés de leurs photos, enveloppes et papiers prêts à faire leur inscription. Y aurait autant de tunisiens friands de la culture du pays du soleil levant ? Que nenni ! Tous les pré-inscrits à toutes les langues avaient rendez-vous ce même mercredi à 12h.


Une lueur d’organisation montre sa tête quand j’apprends qu’on passe avec des numéros. Le mien ? 198. Il est 12h10 quand j’arrive à la salle d’attente. J’arrive tant bien que mal à trouver un endroit où poser les pieds. J’entends qu’on appelle un numéro : 63 !


5 minutes plus tard, on n’a appelé personne. Un clair constat s’impose : Ils en ont encore pour deux heures au minimum, surtout que tout le monde passe par un seul bureau où il y a une seule personne. M’étant éclipsé brièvement du bureau, il ne me reste qu’une alternative : y revenir bredouille. En somme : je viens de perdre une heure de ma vie pour RIEN ! Des nèfles.


Je reviens tout de même 2 heures plus tard histoire de vérifier l’évolution de la file d’attente. Les portes sont fermées. Tout le monde est rentré. J’explique mon cas au gardien qui me conseille de revenir le lendemain à la première heure pour essayer de négocier une dérogation à l’amiable.


C'est donc le lendemain que je me pointe à 8h15 devant l'IBLV espérant en finir dans quelques minutes et retrouver mon bureau et avec, une activité normale. La porte ne s'ouvre qu'à 8h30, le temps qu'une vingtaine de personne viennent partager ma primauté. Rien de méchant apparemment. Une petite discussion me fit découvrir l'abominabilité des évènements de la veille : tous ceux dont le numéro dépassait 100 étaient recalés à aujourd'hui.


Là une question me surgit à l'esprit : Si on prend une minute en moyenne pour inscrire une personne, on ne peut dépasser 120 personnes entre midi et 14h. Pourquoi avoir accordé un rendez-vous à cette heure à plus de 200 personnes ? Pourquoi ne pas avoir planifié une heure par langue et par niveau ? Les locaux vides leur rappellent le vide de leur vie ? Il n'y ont pas pensé ?

Revenons à notre histoire. 8h30 j'entre dans l'IBLV, je récupère un nouveau numéro et je monte au deuxième étage pour accomplir mon inscription. Il a fallut attendre 9h pour que la dame commence son boulot après avoir scandé partout qu'elle ne retrouve pas ses affaires (stylos et agrapheuse) qu'elle avait laissés la veille à la relève. C'est donc avec très peu zen-ttitude qu'elle démarre, et qu'elle commence à appeler ceux sont venus exclusivement ce matin. Pourquoi ne pas commencer par ceux qui ont poireauté deux heures et revenus 18 heures plus tard ? Mystère et boule de gomme!


J'arrive donc à faire mon inscription. Il ne reste plus qu'à payer. Je m'achemine vers le bureau de Poste le plus proche. Je dois avouer que la poste s'est améliorée considérablement en termes de qualité de service, notamment en ce qui concerne la gestion de la file d'attente. Je n'ai presque pas perdu de temps. Je reviens à l'IBLV je vais à l'autre bureau, celui où on prépare les cartes d'étudiants. Il est 10h05. Le monsieur au guichet me dit d'attendre 10h30 pour récupérer ma carte. Pourquoi ne pas regagner mon bureau tant qu'il n'est pas trop tard ? Parce que ma carte se perderait si je ne la récupère pas aujourd'hui... ça en dit long sur leurs méthodes d'organisation et de gestion de cartes...


Mon attente s'éternise à mes yeux. Je commence à envisager le pire des scénarios quand je vois certains priés de faire un petit tour dans les différents bureaux de l'administration. La raison ? Le paiement ne serait pas passé. Et hop un autre point d'interrogation me frappe... mais passons.


Il est près de 11h quand on appelle mon nom. Enfin! Je suis sauvé! La fin arrive! J'ai ma carte dans la main! Mon inscription est terminée! Je sens les larmes de joie batailler avec mes paupières... C'est sur mon petit nuage que je me dirige vers ma voiture. Un nuage duquel je me précipite de dégringoler.


Vous l'auriez deviné, je ne trouve pas ma voiture. Il faut avouer que je l'ai bien cherchée. Je pensais descendre pour à peine trente minutes, j'ai mis trois heures. Question : dans quel fourrière municipale a-t-on déplacé ma voiture ? La plaque indique "Lafayette" mais je préfère la faire à la tunisienne : poser la question à un passant :

- Excusez-moi ! J'ai laissé ma voiture ici et on me l'a enlevée. Sauriez-vous où se trouve cette fourrière Lafayette ?

- Oui, oui c'est celle qui est derrière l'hôtel le Mechtel.


Là, je ressens la fatigue remonter. L'endroit n'est pas très proche mais je me ressaisis. Plein de confiance, je me dirige vers l'endroit indiqué. Quelques minutes de marche plus tard, j'y arrive. Un coup d'oeil à droite, un coup d'oeil à gauche.. je ne la vois pas. Le pire des scénarii commence à se dessiner dans ma tête. M'aurait-on pris la voiture? Je pose la question à l'agent municipal qui me rassure : je me suis trompé de fourrière :/


Le monsieur qui croyait tout savoir n'a pas jugé bon de me dire "Je ne sais pas" Non mais pourquoi ? Il y perderait quoi ? A quoi bon indiquer à quelqu'un une direction si on ne la connait pas ? On y gagnerait quoi s'il se perde ? On y perderait quoi si on avouait ne pas détenir tout le savoir (qui est, rappelons-le, le cas de tout le monde) ?


Je reviens donc sur mes pas pour regagner l'autre fourrière qui est à une centaine de mètres de l'IBLV. Je paye ma taxe. Je m'assoie sur mon siège. Je regarde l'heure : 11h50. C'est une quinzaine de minutes plus tard que j'entre dans mon bureau, avec près de 3h30 de retard.